07 février 2023
InfosAu cours de l’année 2022, le marché européen des énergies électriques et thermiques a connu de fortes turbulences. Le résultat de plusieurs facteurs qui se sont cumulés. Tout d’abord, la reprise économique post-Covid déjà amorcée fin 2021, puis le conflit russo-ukrainien fin février, et l’indisponibilité de la moitié du parc nucléaire français, ont fait exploser le prix du gaz et de l’électricité sur le marché européen. Cette hausse s’est répercutée sur l’ensemble des produits manufacturés et les combustibles bois n’y ont pas échappé.
Début 2022, dans une période de forte inquiétude, le marché français du granulé a été déstabilisé par une forte demande, résultant d’un « effet pâtes, papier toilette et moutarde ». Alors que les besoins du marché n’augmentaient en 2022 en France que de 15% par rapport à 2021, la demande au cours du 1er semestre 2022 était, selon les régions, 2 à 6 fois supérieure à ce qui était constaté les années précédentes.
Constituées à 90% par de la vente en sac, les ventes de granulés se déroulaient auparavant de juin à novembre et par petites quantités, permettant aux producteurs d’avoir le temps de reconstituer les stocks pour assurer les besoins de la saison suivante. Mais début 2022, dès le mois de mars, les distributeurs ont vu affluer de nombreux clients pour commander de grosses quantités, équivalent parfois au double de ce qu’ils consommaient habituellement. Les producteurs n’ont pu assumer l’ensemble des demandes sur le moment et un sentiment de pénurie, massivement relayé, accentua le phénomène.
Les producteurs français pourtant en capacité d’assurer en temps normal plus de 90% des besoins du marché national, n’ont pas pu répondre à cette « demande panique ». L’ensemble de la filière a donc dû aller chercher du granulé sur le marché international, tout aussi instable que le marché français, afin de permettre à chacun d’avoir de quoi se chauffer pour cet hiver.
Au manque de disponibilité du granulé s’est ajoutée l’augmentation du prix de l’électricité, nécessaire pour faire tourner les presses de granulation, mais également la hausse de la sciure, matière première de ce combustible. En effet, l’industrie du bois connaissant dans la même période une baisse de la demande en produits de sciage, la quantité de sciure mise sur le marché a baissé, entraînant mécaniquement une augmentation des prix.
Depuis, la pénurie un moment redoutée n’a fort heureusement pas eu lieu, les stocks sont présents chez les distributeurs et le marché s’est détendu fin 2022, avec un effet bénéfique sur les prix. De plus, malgré un bouclier tarifaire 2022 bénéficiant au gaz (blocage du TRVg au tarif d’octobre 2021) et à l’électricité (plafonnement à 4% de l’augmentation du TRVe), rendant presque indolore pour les bénéficiaires de ces tarifs réglementés ces augmentations de prix, le prix du granulé reste toujours aussi compétitif et toujours en deçà du prix actuel du propane ou de l’électricité.
Quant au bois déchiqueté, produit brut par essence ne nécessitant que peu de transformation entre son état naturel et sa consommation (généralement en local), son prix a évolué de façon modérée comparativement à l’ensemble des autres combustibles, avec comme principal impact l’augmentation des coûts de carburants nécessaires à son broyage et son transport. Il se place donc toujours comme le plus résilient et le moins cher du marché.
Aussi, malgré une hausse des prix des combustibles bois en 2022, finalement accompagnée en toute fin d’année d’un dispositif d’aides spécifiques avec l’instauration du « chèque bois » (jusqu’au 30 avril 2023) permettant à environ 70% des ménages se chauffant au bois de bénéficier d’une aide de 50 à 200 € selon leur revenu et le type de combustible (100 ou 200 € pour les granulés de bois, 50 ou 100 € pour les bûches, bûchettes ou plaquettes), le bois-énergie demeure une énergie très compétitive qui présente également le double avantage d’être locale et renouvelable.
Se chauffer au bois permet donc de participer à l’effort de décarbonation et donc de lutter contre le changement climatique, de développer notre indépendance énergétique, tout en favorisant l’augmentation de la valeur ajoutée sur notre territoire et donc l’emploi local qui en découle.
Les collectivités territoriales, les entreprises ou les établissements du secteur médico-social ou associatif peuvent obtenir des renseignements et bénéficier d’un accompagnement gratuit dans la réalisation de leur projet de chaleur renouvelable, en contactant le SDEE (Christelle BOUT / 06 42 28 01 09 / c.bout@sdee48.fr). La Mission Chaleur Renouvelable Lozère est soutenue par l’ADEME, L’Europe et le Département de la Lozère.